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sonne , on tomberait dans l'inconvénient de faire croii e que cet adjectif est au féminin , et la clarté en souffrirait trop. Peut-être faudrait-il proscrire aussi les rimes telles que madame et âme^ grâce et préface(^\o\i l'on ftiit rimer une longue avec une brève; mais la prosodie française , malgré l'excel- lent ouvrage de IM. l'abbé d'Olivet, est encore trop peu reconnue pour priver les poètes d'une licence qui leur est si commode ; ils ont déjà tant d'enlraves dans celte langue,qu'il faudrait, je crois, chercher plutôt à les diminuer qu'à les augmen- ter encore.

Voilà tout ce que j'avais à ajouter à l'ouvrage de INI. d'Olivet. Ses Remarques sur Racine sont en général bien faites , et d'un grammairien pro- fond. Je conseillerai à quiconque voudra étudier la langue française, de les lire avec attention, ainsi que les ouvrages de cet auteur , qui tous sont écrits avec la plus grande pureté. Il a pu se lais- ser emporter quelquefois à un esprit de système; mais comme c'est-là ce qu'un écrivain commu- nique le plus difficilement à ses lecteurs , attendu que cet esprit est le résultat de la méditation et de l'enthousiasme , Tcffct en est un peu pronq3t , et par conséquent peu dangereux. Les remarques de détail, plus faciles à saisir, n'en instruisent pas moins ; et en rejetant les fausses conséquences

��( * ) Voyez pag. i lo du Traité de la Prosodie française de l'abbé d'Olivet. Paris, 1736, chez Gandouin.

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