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encore mi latinisme , mais je me garderai bien cîr le critiquer.
Me serait-il permis, après avoir épuisé tous les termes de l'admiration , de présenter main- tenant quelques critiques. J'en ai dit assez , sans doute , pour qu'on ne puisse pas suspecter mon enthousiasme; et d'ailleurs, le chapitre des lautes est si court dans notre poète, et le mot de Voltaire, qui voulait écrire beau^ très-beau , au bas de toutes les pages de Racine , est si vrai , que, me bornant à Esther seule , ma tache sera légère. Cependant si quelqu'un se plaignait encore , mal- gré cela, de mes notes , je lui dirais de ne s'en prendre qu'à Racine lui-même ; car nous deve- nons , en le lisant , comme ces sybarites délicats , qui torljours voluptueusement couchés sur des duvets de fleurs , finissaient par se sentir blessés d'une feuille de rose pliée en deux.
On a repris , avec bien de la rigueur , le grand brique français , pour avoir dit : Jusques à qiuind honorerons-nous tes autels? réside le solide hon- neur et la terrestre masse. Ces observations étaient justes ; mais il me semble qu'on leur a donné une importance que d'aussi petites fautes ne pouvaient mériter. L'injustice consiste principalement à ti- rer de pareilles inadvertances , qui pourtant sont fort rares dans ce poète , des jugemens généraux sur le mérite de ses productions, il n'est i)as d'ou- vrages en vers où l'on ne peut recueiMir beau- coup de ces jiégligcMices, qu'il est presqu'impos-
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