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les fureurs de Phèdre. Aussi, ci quelques anciens ont peint l'amour avec la même force que Racine, il n'y a ni anciens ni modernes qui puissent jamais être mis au dessus de lui ; il semble qu'en par- lant d'Fsther, Téloge de cette partie du talent de ce grand poète ne dût pas y trouver place. En effet, on avait demandé à Racine une pièce sans amour , il le proniit ; mais fut-il en état de tenir parole ? et dépendait-il de lui qu'on ne reconnût, même dans ce sujet sacré , la plume brûlante qui avait exprimé tous les nîouvemens de l'amour? car, qu'est-ce que l'amour , si ceci n'en est point ?
Croyez-moi , chôre Eslher , ce sceptre , cet empire ,
Et ces profonds respects que la terreur inspire ,
A leur pompeux éclat niClciU peu de douceur,
Et fatiguent souvent leur triste possesseur.
Je ne trouve qu'en vous je ne sais quelle grâce
Qui nu; charme toujours, et jamais ne me lasse.
De i'aimahie vertu doux et puissans attraits !
Tout respire en Esther l'innocencf et la paix;
Du chagrin le plus noir, elle écarte les ombres,
El fait des jours sereins de mes jours les plus somîvres.
Que dis-je! sur ce trône . assis auprès de vous,
Des astres ennemis j'en crains moins le courroux.
Et crois que votre iront prCte à nu)n diadème
l n éclat qui le rend respectable aux dieux même.
Osez donc me répondre , et ne me cachez pas
Quel sujet important conduit ici vos pas ,
Quoi intérêt , (juels soins vous agitent , vous pressent.
.le vois qu'en m'écoulant , vos yeux au ciel s'adressent.
Parlez : de vos désirs le succès est certain.
Si ce sucrés dépend d'une mortrlle main.
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