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DE CHA.MFORT. 4^3

VOUS, c'est-à-dire , de lui prodiguer vos consola- tions et vos conseils ; vous êtes bon , sensible et généreux : d'ailleurs, c'est pour moi qu'elle tra- vaille ; mais je vous jure, mon ami, je vous jure, dans toute la sincérité de mon âme, que je ne la vaux pas , et que cette âme est d'an ordre su- périeur, par la tencîresse, la délicatesse et la bonté. Si le comte d'Eutraigues est à Paris , avertissez-le de l'arrivée de mon amie j et comme lui est un ardent et adroit solliciteur , concertez-vous tous deux avec lui pour qu'il travaille âmes affaires. Au reste , mon cher ami , un grand point serait de m'obtenir sûreté pour rentrer en France ; car il est impossible que je vive ici, si l'on ne m'v ménage pas quelques ressources littéraires , et mon nom effarouche tous les libraires soumis à la censure ; mais si je m'y soumets, moi, si je fonde mon pain sur un travail qui ne puisse effaroucher personne, pourquoi donc le même gouvernement qui encourage, qui fait vivre , qui soudoie ici des insectes de l'espèce la plus vile et la plus veni- meuse , ne me laisserait-il pas vivre, moi ? lui suis-je donc plus désagréable ou plus sus- pect que Linguet , etc. etc.

Quoiqu'il en soit , mon ami, conseillez , diri- gez , consolez ma pauvre amie , et ménagez-moi la possibihté de nous retrouver tous trois. Parlez- moi donc de vous.

Croyez-vous qu'un choix de comédies anplaises réussît en France: c'est-à dire, qu'un libraire

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