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que vous l'avez vue, belle, douce, bonne , égale , courageiîse, péiiétrée de ce charme de la sensibi- lité qui fail tout suijporter , et même les maux qu'elle produit. Por.r moi, je trouve ici pâture à mon activité ; j'apprends , je note , je fais beau- coup de clioses ; mais au milieu des marques de bienveillance et de considération que je reçois, je ne laisse pas que d'être fort inquiet sur l'avenir ; la littérature française étant si étrangère ici , la main d'œuvre si chère, et les libraires si timides , que le meilleur moyen d'y mourir de faim , c'est d'y être même un bon écrivain français. Au reste, on y imprime les Cincinnati qui me rapporteront peu de chose , mais qui du moins ne me coûte- ront rien , et qu'un homme de beaucoup de ta- lent a bien traduits , de sorte que l'édition an- glaise paraîtsa presqu'aussitôt que la française. Mais jugez, par ce qui se passe à cet égard , du peu de ressources qu'offre la typographie anglaise. Deux libraires de Paris, inutiles à nommer par la poste , mais dont un riche et solide , m'ont écrit pour prendre quinze cents exemplaires à cin- quanttî sous, pourvu qu'on les leur rendît à telle ville frojitière ; on a grand'peine à décider le li- braireanglais à tirera quinze cents l'édition fran- çaise, et si l'ouvrage n'avait pas produit ici, sur quelques hommes accrédités, un très-grand ef- fet, jamais libraire ne l'eût imprimé pour son compte ; les Français accoutumés au pays con- çoivent à peine cet effort, et je ne le conçois pas

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