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3^2 OEUVRES

au moins qu'il ne lieurtait pas l'opinion ani- verselle du temps ; car vous savez comment ce même poète fut reçu, lorsque, avec tous les pallia- tifstde son art , il osa faire dire à liyppolite : « j\ia langue a fait serment , mon coeur ne l'a point fait. » Mais je vous prierai de lire ce cjue tous les moralistes de l'antiquité en ont dit, lorsqu'ils ont daigné en parler (ce qui est assez rare) et (ce qui est bien plus fort ) de vous rappeler ce que les institutions des législateurs prouvent qu'ils en ont pensé : je vous prîrai de vous rappeler ces propres mots d'un censeur romain (MetellusNumidicus ), qui commence ainsi une harangue solennelle en plein sénat :

Si sine uxorc possenius, Quiriles, esse oiiincs, eâ iiio- lestiâ caremus ; sed quoniaui ità natura trailidit , ut ncc cum illis satis commode, nec sine iUis ullo modo vivi pos- sit , saluli pcrpelua; potius quàm voluplali consulendum (*).

O mon ami ! ces gens-là étaient plus profonds que nous ; et cependant ils ne croyaient pas du tout , comme nous feignons de le croire , que l'éducation des femmes bien dirigée pût influer sur le bonheur social , ni qu'elle pût assurer la stabi-

��(*) SI nous pouvions tous exister sans femmes , nous serions délivrés de ce sujet de chagrin ; mais puisque la nature nous a faits tels que nous ne pouvons ni vivre contens avec elles, ni nous passer d'elles de quelque façon que ce soit, il vaut mieux pourvoir à ce qui nous est prrpéluellemcnt nécessaire qu'.i nos plaisirs.

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