346 . ŒUVRES
raentie par M. Pitt , mais qui devait loi servir de leçon , et fournira à l'Angleterre un éternel re- proche contre lui : « L'Angleterre ne fera pas la » guerre à la France, elle aimera mieux sucer notre » sang que de le répandre » ; enfin cette réflexion décisive sur des projets de loi proposés à l'as- semblée constituante pour réprimer la licence des écrits calomnieux : « Toute loi sera inutile contre •» la calomnie, parce qu'elle se vend bien. » Cham- fort imprimait sans cesse ; mais c'était dans l'esprit de ses amis. Il n'a rien laissé d'écrit; mais il n'aura rien dit qui ne le soit un jour. On le citera long- temps; on répétera dans plus d'un bon livre des paroles de lui , qui sont l'abrégé ou le germe d'un bon livre.... Ne craignons pas de le dire : on n'es- time pas à sa valeur le service qu'une phraseéner- gique peut rendre aux plus grands intérêts. Il est des vérités importantes, qui ne servent à rien, parce qu'elles sont noyées dans de volumineux écrits, ou errantes et confuses dans l'entendement; elles sont comme un métal précieux en dissolu- tion :- en cet état il n'est d'aucun usage , on ne peut même apprécier sa valeur. Pour le rendre utile , il faut que l'artiste le mette en lingot , l'af- fine, l'essaie, et lui imprime sous le balancier des caractères auxquels tous les yeux puissent le re- connaître. Il en est de même de la pensée. Il faut, pour entrer dans la circulation , qu'elle passe sous le balancier de fliommc éloquent, qu'elle y soit marquée d'une empreinte ineffaçable , frappante
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