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DE CHAMFORÏ. 345

sable de déprécier un mot saillant , mais plutôt parce qu'il voulait se faire craindre d'un ennemi qu'il croyait trop blessé pour ne pas être irrécon- ciliable ; c'est ainsi qu'il resta toute sa vie le dé- tracteurdeLaharpe, parce qu'il l'avait été un jour; il s'obstina à soutenir que cet excellent littérateur dont il honorait d'ailleurs le patriotisme, ne savait pas le latin, parce qu'il l'avait surpris autrefois, je ne sais dans quelle erreur sur le sens d'un mot de Tite-Live. Ces travers sont inexcusables ; mais je ne puis pour cela passer condamnation sur des reproches qui attaquent le fond de son cœur.

— Je vous entends ; mais , après tout , à quoi bon célébrer Cliam fort ? Qu'a-t-il fait pour la ré- volution? Il n'a pas imprimé une seule ligne, pour en hâter ou en arrêter la marche suivant les cir- constances, non plus que pour l'éclairer.

— Comptez vous pour rien une foide de mo^s saillans , qui ont passé mille fois dans toutes les bouches ? Sa réponse à des aristocrates q\n , après le i4 juillet 1789, se demandaient douloureuse- ment ce que devenait la Bastille : « Messieurs , elle ne fait que décroître et embellir. » Ces autres paroles sur la manière de faire la guerre k la Belgique : « Guerre aux châteaux! Paix aux chau- tnieresï » paroles qui, pour être devenus l'adage du vandalisme et de la tyrannie en France , n'en étaient pas moins justes et politiques relative- ment à des ennemis étrangers et des agresseurs cruels; cette prédiction, malheureusement dé-

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