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34^ ŒUVRES

ii nV'lait pas im esprit éclairé. Il avait vu les abus et les vices attachés à l'ancien régime ; il leur avait juré la guerre; et il croyait nécessaire de la faire à outrance, sans précaution, comme sans mesure: voilà son erreur.

— Mais n'y a-t-il pas eu tlu mauvais coeur dans sa conduite, et au moins de cette méchanceté qui se plaît à nuire, pour peu que la justice y autorise ; de cette méchanceté qui n'est pas celle du scélérat, mais celle de l'homme dur et violent?

— Nullement; et ce qui le prouve, c'est qu'il a cessé ses emportemens dès qu'il a vu qu'on pre- nait à la lettre les discours des Marat et des Robes- pierre ; il voulait faire peur et non faire du mal , puisqu'il s'est arrêté dès qu'il a vu qu'on faisait mal pour faire mal, et encore pour faire peur.

— Mais n'a-t-il pas voulu satisfaire des vues personnelles ? n'est-ce pas son intérêt qui lui a con- seillé de flatter les partis dominans ?

— Son intérêt n'a été pour rien dans sa con- duite. Toujours Chamfort s'y montra supérieur ; disons plus : il en fut toujours l'ennemi. Non seu- lement il s'attacha à la révolution , mais même il poursuivit avec passion jusques sur lui-même tous les abus, ou ce qu'il croyait être les abus de l'an- cien régime. Il se déchauia contre les pensions, jusqu'à ce qu'il n'eût plus de pension; contre l'académie dont les jetons étaient devenus sa seule ressource, jusqu'à ce qu'il n'y eut plus d'académie; contre toutes les idolâtries, toutes les servilités.

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