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Dr. CHAMFOriT. 29J

qu'un ordre de choses aussi monstrueux soit changé, ou que nous périssions tous également , clergé , noblesse, tiers-état ?» Je suis vraiment affligé qu'on n'ait point dit et répété partout cette observation. Elle eût ramené les esprits prévenus, elle eût dé- sarmé l'amour propre, elle eût intéressé l'orgueil aux succès de la raison , et peut-être eût-elle sauve aux notables l'opprobre ineffaçable dont ils vien- nent de se couvrir à pure perte. Un autre avantage de cette réflexion , c'est qu'elle eût sur-le-champ fait apprécier le moyen terme que quelques-uns proposent ridiculement, celui d'appeler, pour le seul consentement à l'impôt, le tiers-état à l'égalité numérique, en ne l'admettant que pour un tiers seulement à délibérer sur les objets de législation générale. Qui est-ce qui me fait cette proposition ? est-ce un membre de l'ancienne chevalerie ? est-ce un secrétaire du roi , du grand collège, du petit collège , car tous ont le droit de parler ainsi ? Je réponds à ce dernier.... Mais non , je ne réponds pas : vous sentez que j'aurais trop d'avantage. Per- mettre à un peuple de défendre son argent , et lui ravir le droit d'influer sur les lois qui doivent dé- cider de son honneiw et de sa vie , c'est une in- sulte, c'est une dérision. Non , cela ne sera point, cela ne saurait être , la nation ne le souffrira pas ; et, si elle le souffre, elle mérite tous les maux dont elle est menacée.

Mais on parle des dangers attachés à la trop grande influence du tiers-état ; on va même jus-

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