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��OEUVRES

��On s'est plu souvent à comparer Racine, comme poète, à J.-B. Rousseau. Je n'ai jamais bien dé- mêlé les motifs de ceux qui travaillaient à acqué- rir au premier une réputation à laquelle il paraît n'avoir jamais prétendu ; car on n'est pas un lyrique, pour avoir fait quelques chœurs de tra- gédie ; encore moins l'cst-on assez pour être mis à côté de l'auteur des GJcs à la fortune^ au comte du Luc^ au prince Eugène^ et de vingt autres non moins belles. J'ai vu seulement que ces parallèles avaient souvent servi de prétexte pour tâcher de rabaisser ce Rousseau , si beau dans ses ouvrages, si ferme dans ses malheurs.

Comparons , par exemple , les stances sur la calomnie, qui se trouvent dans l'un des chœurs cVEstlier , avec l'ode de Rousseau sur le même sujet :

Rois , chassez la calomnie ; Ses criminels allentals , Des plus paisibles états Troublent riieureuse harmonie.

Sa fureur, de sang avide , Poursuit partout l'innocent. Rois , prenez soin de l'absent Contre sa langue homicide.

De se montrer si farouche , Craignez la feinte douceur : La vengeance est dans son cœur , Et la pitié dans sa bouche.

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