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et vous embrasse de tout mon cœur. Il me semble que nous n’avons pas cessé de nous entendre.


LETTRE VIII.
AU MÊME.

Paris, 5 octobre.

Que devez-vous penser de moi , mon cher ami, et d’un si long silence ? Vous devez croire que tous les maux réunis ont fondu sur ma tête. Hélas ! vous ne vous tromperiez pas beaucoup : il y a deux mois et demi que j’ai eu le malheur de perdre ma mère ; et ce n’est pas vous qui vous étonnerez de l’effet qu’a pu faire pour moi cette affligeante nouvelle ; ce n’est pas vous qui me direz que quatre-vingt-cinq ans étaient un âge qui devait me préparer à ce malheur, et que quinze ans d’absence devaient me le faire trouver moins terrible. La raison dit tout ceia, et le sentiment paie son tribut. Je n’en dirai pas davantage, craignant d’avoir surtout déjà trop réveillé chez vous le sentiment d’une perte qui vous a rendu si longtemps malheureux et qui ne sera de longtemps oubliée. Mon second malheur est d’avoir eu, pendant deux mois, une fièvre double-tierce, suivie d’une convalescence tres-pénible et qui n’est pas terminée. Je ne sais comment toute ma personne était deve-