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maiicgvr pour gagner son avoine ; et quand je- songe qu'en se déplaçant, il aura plus d'avoine qu'il n'en pourra manger , je suis bien près de penser qu'il fait un marclié de dupe.

Vous voyez par là, mon ami, combien je suis iittaché aux sentimens qui m'appellent à la re- traite ; et vous le verrrez bien davantage ." si vous pouviez savoir, fortune mise à part , combien ma position m'offre de cotés agréables , quels com- bats j'ai à soutenir contre les amis les plus tendres et les plus dévoués, quels efforts il me faut pour repousser ou prévenir les sacrifices qu'ils vou- draient faire pour me retenir. . Quelle est donc cette invincible fierté , et même cette dureté de cœur, qui me fait rejeter des bienfaits d'une cer- taine espèce, quand je coîîvieus que je voudrais faire pour eux plus qu'ils ne peuvent faire pour moi? Cette fierté les afflige et les offense; je crois même qu'ils la trouvent petite et misérable , comme mettant un trop haut prix à ce qui devrait en avoir si peu. JMon ami, je n'ai point, je crois, les idées petites et vulgaires répandues à cet égard j je ne suis pas non plus un monstre d'orgueil ; mais j'ai été une fois empoisonné avec de l'arsenic sucré , je ne le serai plus: manet altâ mente rè- postiim. Vous me dites que vous tenez mon âme dans ma première lettre; il en est resté quelque chose , je crois , pour la seconde.

J'accepte , mon ami , avec un sentiment bien vif^ roOre que vous me faites de parcourir avec

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