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cliaiis, je regarde cernai comme un trèssçrand bonheur ; il me rend à moi même ; il me flonne Je droit de m’appartenir exclusivement; et, les - amis les plus yjuissans ayant plus d’une fois fait d’inutiles efforts pour me servir , je me suis lassé d être un superllu , une espèce de hors d’œuvre dans la société ; je me suis indigné d avoir si souvent la preuve que le mérite dénué , né sans or et sans parchemins, n’a rien de commun avec les hommes ; et j’ai su tirer de moi plus que je ne pouvais espérer d’eux. J’ai pris pour la celébrité autant de haine que j’avais eu d’amour pour la j:»loire ; j’ai retiré ma vie toute entière dans moi-même; penser et sentir, a été le dernier terme de mon existence et de mes projets. Mes amis se sont réunis inutilement pour ébranler ma fermeté : tout ce que j’écris comme à mon insu , et pour ainsi dire malgré moi , ne sera tout au plus que titulus nomenque sepulcri.

J’ai ri de bon cœur à l’endroit de votre lettre, où vous me dites que vous m’avez cherché dans les journaux ; nous m’avez paru ressembler à un étrani^er qui , ayant entendu parler de moi dans Paris , me chercherait dans les tabagies et dans les tripots de jeu. J’en étais là depuis long-temps, lorsque je fis la rencontre d’un être dont le pa- reil n’existe pas dans sa perfection relative à moi, qu’il m’a montrée dans le court espace de deux ans que nous avons passé ensemble. C’était une femme; et il n’y avait pas d’amour, parce