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■2'J-l OEUVRES ,

LETTRE VIL

A M. l'abbé roman.

4 Mars 1784.

C'est un voeu que j'ai fait, mon cher ami, de vous répondre toujours à l'instant où j'aurai reçu votre lettre , et je n'ai pas besoin d'efforts pour le remplir : il m'en faudrait pour différer , et je ne veux pas lutter contre moi-même.

Ali ! mon ami , que j'ai été étonné de voir que je diffère de vous dans la chose par laquelle je vous ressemble ! Vous convenez que vous avez pris la meilleure part, et vous ne souhaitez pas que j'obtienne lui lot pareil ; vous me le dites , parce que vous le sentez. Cette raison est sans doute très-bonne ; mais pourquoi , ou plutôt comment le sentez-vous ? voilà ce qui m'étonne. Quoi ! cette malheureuse manie de célébrité , qui ne fait que des malheureux , trouve encore un partisan , un protecteur! Avez-vous oublié qu'elle exige presqu'aulant de misères , de sottises , de bassesses même que la fortune ? et quel en est le fruit? beaucoup moindre, et surtout plus ridi- cule. Son effet le plus certain est de vous ap- prendre jusqu'où va la méchanceté humaine , en voMS rendant l'objet de la haine la plus violente et des procédés les plus affreux, de la part de ceux

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