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ronnent, avec son sujet principal , vient les offrir à son esprit. Aussi , en développant les mêmes idées , Racine et Rousseau n'ont rien dans leurs vers qui se ressemble ; et c'est pourquoi tous deux ils ont acquis la perfection.

Lorsqu'on étudie beaucoup ces deux grands écrivains , on "A'oit combien ils sont nourris de la lecture des livres saints , ces véritables dépôts de la plus haute poésie. Rien ne peut élever l'imagi- nation comme la lecture fréquente de ces ou- vrages. Quelle beauté dans les Cantiques de Salo- rtion et dans les Psaumes de Daoidl Quelle ^'erve brûlante dans le prophète Isaïe ! et quelle tou- chante simplicité dans \ Evangile ! Là , les idées , dans leur marche fière , n'ont pas besoin, pour étonner , de se revêtir de l'éclat emprunté des parbles , ni de l'arrangement mécanique des mots ; mais belles de leur propre beauté , elles se pré- sentent toujours seules et n'en paraissent que plus sublimes. C'est là que le style s'habitue à une concision énergique, et l'écrivain à resser- rer son expression à proportion que son idée s'agrandit ; il n'est aucun genre de beauté dont ces livres ne nous offrent des modèles que l'on n'a point encore égalés. Rien, dans aucune langue, est- il exprimé d'une manière plus touchante que ce verset de l'évangéliste Mathieu :

« Vox in Raniâ audita est; ploratiis, et ululatus inultns: Rachelplorarisfilios suos,eliioluitcon5olari, quia non sunt.-)

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