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tendu qu'elles étaient pour la plupart assez vieilles. Ces dames n'en parurent pas surprises autant que je l'aurais cru , ce que j'attribuai moins à leur phi- losophie qu'à l'habitude de se voir négligées. Tout en avançant , Faveur approchait du groupe dont je faisais partie ; ma figure n'a rien qui provoque l'attention , mais elle lui était inconnue : c'est sans doute ce qui m'attira ses regards. Elle fit quelques pas pour venir vers moi. Alors la foule de ses es- claves se sépara pour me faire place. Je m'avançai _, mais sans cet empressement étourdi qui seul flatte la vanité de Faveur. Sa coquetterie en fut redou- blée. Elle me dit que, dans un moment, elle m'in- viterait à passer dans son cabinet ; et elle se remit à parcourir la salle d'assemblée.

Aussitôt la foule, qui, deux heures auparavant, avait pensé m'étouffer, fut à mes pieds; on me demanda mes ordres, et chacun de ces inconnus s'efforçait d'être remai-qué de moi. Un moment après. Faveur me fit appeler, me fit asseoir au- près d'elle. C'est alors que je sentis tout l'empire de sa séduction. Elle prétendit me connaître par la renommée, me dit qu'elle voidait me fixer à sa cour. Ce qu'il y a d'inconcevable, c'est que ses discours me flattaient ; mais comme j'hésitais dans mes réponses, elle me dit : «Ne jugez pas de moi sur les bruits qu'on s'efforce de répandre ; je vaux mieux que ma réputation. Obligée par état d'être la dispensatrice des grâces , je suis quel- quefois condamnée à paraître oublier mes amis ,

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