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Elle est d’abord l’objet de mes ardens souhaits :
Et comme un nouvel Alexandre,
Animé d’un feu tout divin,
Dans mon ambition, prêt à tout entreprendre,
Je voudrais conquérir le monde féminin.

LE PARADIS.

L’autre monde, Zelmis, est un monde inconnu .
Où s’égare notre pensée;
D’y voyager sans fruit la mienne s’est lassée ;
Pour toujours j’en suis revenu.
J’ai vu, dans ce pays des fables,
Les divers paradis qu’imagina l’erreur :
Il en est bien peu d’agréables ;
Aucun n’a satisfait mon esprit et mon cœur.
Vous mourez, nous dit Pythagore;
Mais sous un autre nom vous renaissez encore,
Et ce globe à jamais est par vous habité.
Crois-tu nous consoler par ce triste mensonge ,
Philosophe imprudent et jadis trop vanté ?
Dans un nouvel ennui ta fable nous replonge.
Mais à notre avantage on dit la vérité.
Celui-là mentit avec grâce,
Qui créa l’Elysée et les eaux du Léthé.
Mais dans cet asile enchanté,
Pourquoi l’amour heureux n’a-t-il pas une place ?
Aux douces voluptés pourquoi l’a-t-on fermé ?
Du calme et du repos quelquefois on se lasse ;
On ne se lasse point d’aimer et d’être aimé.