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Va des rieurs remarquez l'insolence ; Car vous saurez qu'en ce troupeau si doux Est l'animal qui les fil tremlîler tous: Mais de l'enfant la naïve impudence Fit plus d'effet encor , réussit mieux. En revoyant ce taureau trouble-fête. Auteur du mal , si coupable à ses yeux , D'un gros bâton , plaisamment furieux, Il va frappant de la maudite bête Les flancs , le dos ; et le pauvre animal, Doublant le pas sous l'instrument risible , Va s'enfonçant dans le groupe pLiisible, Pour se sauver de ce petit brutal. Vous souriez, lecteur; mais je parie Que vous rêvez : laissons la rêverie, Contentons-nous d'un simple enseignement. D'un aper<u : que tel est fréquemment Plus fort tout seul qu'avec^ sa confrérie. Vous le îentez, héhs ! péniblement, Hommes de main, de tête, de génie. Vous que j'ai vus en maint gouvernement ( Le despotisme a bien sa prudhomie ), Vous que je plains , abattus tristeinenl , Marchant de front , bêtes de compagnie, (jct art dos rois, ce secret m;,-rvcillcux , Nous le savons; mais l'Espaj^ne l'ignore ; En ces climats le ciel fait naître encore Des esprits fiers cl des cœurs généreux; Mais les taureaux sont entourés de bœufs. Chassons les bœufs, chassons le saint oflice , Prions le ciel que la foi s'affaiblisse , Limons leurs fers et dessillons leurs }cux

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