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DE CH\MFORT. l^'j

Le plus hardi chatouille ses pieds nus ,

Un peu plus haut atlro Umcnt se glisse,

Baise en passant l'albritre de sa cuisse, . .

Et Miontt enfin au temple de Vénus.

Janot le sut ; ui;iis le dieu de Cythère

Vient l'arracher à ce guide incertain,

En lui mettant l'encensoir à la main ,

Les yeux fermés le mène au sanctuaire.

Arrête , arrête, ô peintre téméraire I

La volupté t'en impose la loi ,

De ses attraits respecte le mystère.

Fils de Cypris , dissipe ton etïroi ,

Vas , je sais être aveugle comme toi ;

Et tes faveurs m'ont appris à me taire.

Charme puissant des plaisirs défendus , ,

De nos crayons vous n'avez rien à crriindre ;

Quand on vous goTite, hélas! peut-on vous peindre!

Peut-on vous peindre en ne vous goûtant plus ?

Dans les transports de la première ivresse ,

Janot sans force et non pas sans désir ,

Suivant de près la trace du plaisir ,

Le cherche encore au sein de sa maîtresse.

Annette, hélas ! sur les gazons fleuris ,

Ne répond plus à des caresses vaines ,

Le doux poison répandu dans ses veines

Tient à la fois tous ses sens engourdis.

L'amant novice à l'instant se rappelle

Les traits aflreux dont elle a peint la mort,

Soulève , presse , avec un tendre eftort ,

Contre son cœur, un des bras de la belle.

Croit lui donner une chaleur nouvelle ;

Le bras échappe et tombe sans ressort ,

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