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DE CriAMFORT. ^'J

Les meilleurs poètes eoiiçnrent leurs épisodes de la sorte, et les tirèrent d'une même action ; pratique si généralement établie du temps d Aris- tote, qu'il en a fait une règle : en sorte qu'on nommait simplement tragédies, les pièces où l'unité de ces épisodes était observée, et tragé- dies épisodiques, celles où elle était négligée. Les mauvais poètes tombaient dans ce défaut par ignorance, et les bons par leur complaisance pour quelques acteurs aimés du public , à qui l'on voulait donner des rôles, sans que la contexture de la pièce l'exigeât ou le permît. ,

Parmi nous, l'épisode se prend pour un inci- dent ou une action détachée qu'un poète insère dans son ouvrage et lie à son action principale, poiu' y jeter une plus grande diversité d'événe- mens. Les actions les plus simples sont les plus sujettes à cette irrégularité, en ce qu'ayant moins d'incidens et de parties que . les autres plus composées , elles ont plus besoin qu'on y en ajoute d'étrangères.

Un poète peu habile épuisera quelquefois tout son sujet dès le second acte, et se trouvera par là dans la nécessité d'avoir recours à des actions étrangères pour remplir les autres actes: c'était le défaut des premiers poètes français. Pour remplir chaque acte, ils prenaient des actions qui apparte- naient bien au même héros, mais qui n'avaient aucune liaison entre elles.

Le poète doit choisir , autant qu'il est possible.

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