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DE CIIAMTOrxT. 4^

parler à sa maîtresse ; mais vous vous y attendez. D'ailleurs, elle ne le verra qu'environné de ses en- nemis , qui ne le connaissent point. Cette circons- tance , toute nécessaire qu'elle est , cesse de vous le paraître , parce que , dans un moment que le spectateur ne pouvait point la prévoir, Tancrède a déjà résolu de partir sans voir Aménaïde. C'est là le comble de l'art.

Dans le Fanatisme , il paraît nécessaire aue Séide arrive dans la Mecque avant Mahomet. Mais est - il dans l'exacte vraisemblance qu'un jeune homme vienne ainsi se doiiiner lui-même en otage, sans l'aveu de son maître ? L'auteur a bien senti ce défaut. Il en tire' ime beauté. Séide, en voyant Mahomet , s'écrie :

O mou père ! ô mon roi ! Le dieu qui vous inspire a marché devant moi. Prêt à mourir pour vous , prêt à tout entreprendre , J'ai prévenu votre ordre.

.11 VII OMET.

Il eût fallu l'attendre : Qui fait plus qu'il ne doit, ne sait point me servir. J'obéis à mon dieu ; vous , sachez m'obéir.

L'empressement de Palmire à justifier Séide devant Mahomet , qui abhorre en lui son rival, est aussi une beauté qui naît de ce léger défaut.

Séniiramis est encore un modèle admirable de la manière de triompher des difficultés d'mi sujet. L'auteur veut présenter le tableau terrible d'une

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