Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t4.djvu/44

Cette page n’a pas encore été corrigée

36 OEUVRES

ces siècles ignorans , que l'on en fit les princi- paux orncniens des réceptions des princes, quand ils entraient dans les villes; et comme on chantait noël ^ iioël ^ au lieu des cris de vive le roi ^ on re- présentait dans les rues la Samaritaine ^ le Mau- vais Riche , la Conception de la sainte Vierge , la Passion de JésuS'Christ , et plusieurs autres mystères , pour les entrées des rois.

On allait au devant d'eux en procession avec les bannières des églises; on chantait à leur louange des cantiques composés de passages de l'écriture sainte , cousus ensemble pour faire allusion aux actions de leurs règnes.

Telle est l'origine de notre théâtre , où les ac- teurs qu'on nommait Confrères de la Passion, commencèrent àjouer leurs pièces dévotes en i^oa. Cependant , comme elles devinrent ennuyeuses à la longue, les confrères, intéressés à réveiller la curiosité du peuple , entreprirent , pour y par- venir , d'égayer les mystères sacrés. 11 aurait fallu un siècle plus éclairé pour leur conserver leur di- gnité; et dans un siècle éclairé, on ne les aurait pas choisis. On mêlait aux sujets les plus respec- tables les plaisanteries les plus basses , et que l'in- tention seule empêchait d'être impies; car, ni les auteurs , ni les spectateurs , ne faisaient ime atten- tion bien soutenue à ce mélange extravagant, persuadés que la sainteté du sujet couvrait la gros- sièreté des détails. Enfui, le magistrat ouvrit les yeux, et se crut obligé , en i545, de proscrire

�� �