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Hassan.

Bon métier ! et dis-moi, rends-tu ce beau service à ceux qui ont tort, à ceux qui ont raison indifféremment ?

L’Italien.

Sans doute : la justice est pour tout le monde.

Hassan, riant.

Et on souffre cela à Padoue !

L’Italien.

Assurément.

Hassan.

Le drôle de pays que Padoue ! Il se passera bien de toi, je m’imagine. (à André.) Et toi, qui es-tu ?

André.

Moins que rien. Je suis un pauvre homme.

Hassan.

Tu es pauvre ? tu ne fais donc rien ?

André.

Hélas ! je suis fils d’un paysan : je l’ai été moi-même.

Kaled.

Bon ! c’est sur ceux-là que je me sauve.

André.

Je me suis ensuite attaché au service d’un bon maître, mais qui est plus malheureux que moi.

Hassan.

Cela se peut bien ; il ne sait peut-être pas labourer la terre. Mais c’est l’habit français que tu as là ?

André.

Je le suis aussi.