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Scène II.

HASSAN, ZAYDE.
Hassan.

Vous êtes descendue bien tard, ma chère Zayde ?

Zayde.

Je me suis amusée à voir, du haut de mon pavillon, les vaisseaux rentrer dans le port. J’ai cru remarquer plus de tumulte qu’à l’ordinaire. Serait-ce que nos corsaires auraient fait quelque prise ?

Hassan.

Il y a long-temps qu’ils n’en ont fait ; et, en vérité, je n’en suis pas fâché. Depuis qu’un chrétien m’a délivré d’esclavage et m’a rendu à ma chère Zayde, il m’est impossible de les haïr.

Zayde.

Et pourquoi les haïr ? parce qu’ils ne connaissent pas notre saint prophète ? Ne sont-ils pas assez à plaindre ? D’ailleurs, je les aime, moi ; il faut que ce soient de bonnes gens ; ils n’ont qu’une femme ; je trouve cela très-bien.

Hassan, souriant

Oui ; mais, en récompense…

Zayde.

Quoi ?

Hassan.

Rien. (à part.) Pourquoi lui dire cela ? c’est détruire une