Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t4.djvu/343

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Va, Betti, j’ai déjà regretté ton pays :
Ici, par ces travaux, nous sommes avilis.
Vois à quel sort, hélas ! nous devons nous attendre ?
Des besoins renaissans l’horreur va nous surprendre ;
Privés d’appuis, de biens, abandonnés de tous,
L’œil affreux du mépris s’attachera sur nous.
Nous n’oserons encor prendre ces soins utiles
Que l’amour ennoblit, qu’ici l’on croit serviles.
Il faudra dévorer, mendier les dédains ;
Rebutés, condamnés à l’affront d’être plaints.
Tout aigrira nos maux, jusqu’à notre tendresse ;
Nous haïrons l’amour, nous craindrons la vieillesse ;
En d’autres malheureux reproduits, chaque jour.
Nos mains repousseront le fruit de notre amour.

Betti.

Ciel !



Scène V.

BETTI, BELTON, MYLFORD.
Mylford, à Belton.

Ciel !Je quitte Arabelle, et je vais vous instruire…

Betti

Aimes-tu Belton ?

Mylford.

Aimes-tu Belton ?Oui.

Betti.

Aimes-tu Belton ? Oui.Bon ! il vient de me dire
Qu’il n’a point d’or…