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que des plus forcénés l’emportement funeste
des drapeaux déchirés ensevelit le reste ;
comme si leur courroux, en les foulant aux pieds,
venait d’anéantir leurs sermens oubliés.
Montrez-vous, imposez à leur foule insolente.


SOLIMAN.


J’y cours ; va, pour toi seul un père s’épouvante.
Frémis de mon danger, frémis de leur fureur,
et surtout fais des vœux pour me revoir vainqueur.


LE PRINCE.


Je fais plus, sans frémir je deviens leur ôtage ;
j’aime à l’être, seigneur ; je dois ce témoignage
à de braves guerriers qu’on veut rendre suspects,
quand leur douleur soumise atteste leurs respects.
Ah ! S’il m’était permis, si ma vertu fidèle
pouvait, à vos côtés, désavouant leur zèle,
se montrer, leur apprendre, en signalant ma foi,
comment doit éclater l’amour qu’ils ont pour moi…
Soliman, moment de silence.
Gardes, qu’il soit conduit dans l’enceinte sacrée,
des plus audacieux en tout temps révérée ;
qu’au fidèle Nessir ce dépôt soit commis.
Va, mon destin jamais ne dépendra d’un fils.
Visir, à ses soldats, aux vainqueurs de l’Asie,
opposez vos guerriers, vainqueurs de la Hongrie ;
qu’on soit prêt à marcher à mon commandement ;
veillez sur le sérail.