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il sera confondu. Déjà jusqu’à mon père
une lettre en secret a porté ma prière :
on l’a vu s’attendrir ; ses larmes ont coulé ;
c’est par son ordre ici que je suis appelé.
J’obtiendrai qu’à ses yeux le prince reparaisse ;
je saurai pour son fils réveiller sa tendresse.
Songez, dans vos frayeurs, qu’il lui reste un
appui ;
et tant que je vivrai, ne craignez rien pour lui.


AZÉMIRE.


Je retiens les transports de ma reconnaissance.
Mais, par pitié peut-être, on nous rend
l’espérance :
pour mieux me rassurer, vous cachez vos terreurs ;
vous détournez les yeux en essuyant mes pleurs.
Que de périls pressans ! Le visir, votre mère,
moi même, cette lettre et ce fatal mystère,
un sultan soupçonneux, l’ivresse des soldats,
l’horreur de Soliman pour le nom de Thamas,
horreur toujours nouvelle et par le temps accrue,
que sans fruit la sultane a même combattue !
Ah ! Si, dans les dangers qu’on redoute pour moi,
ceux du prince à mon cœur inspiraient moins
d’effroi,
je vous dirais : forcez son généreux silence,
dévoilez son secret, montrez son innocence :
heureuse si j’avais, en voulant le sauver,
et des périls plus grands, et la mort à braver !


ZÉANGIR.


Comme elle sait aimer ! Je vois toute ma perte.
Pardonnez ; ma blessure un instant s’est ouverte ;
laissez-moi : loin de vous je suis plus généreux ;
le sultan va paraître : on vient. Fuyez ces lieux.