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ACTE 3 SCENE 1


SOLIMAN, ROXELANE.


SOLIMAN.


Prenez place, madame ; il faut que, dans ce jour,
votre âme à mes regards se montre sans détour :
le prince dans ces lieux vient enfin de se rendre.


ROXELANE.


Les cris de ses soldats viennent de me l’apprendre.


SOLIMAN.


J’entrevois par ce mot vos secrets sentimens ;
vous jugerez des miens : daignez quelques momens
vous imposer la loi de m’entendre en silence.
Mon fils a mérité ma juste défiance ;
et son retour, d’ailleurs fait pour me désarmer,
avec quelque raison peut encor m’alarmer.
Sans doute je suis loin de lui chercher des crimes ;
mais il faut éclaircir des soupçons légitimes.
Vos yeux, si du visir j’explique les discours,
ont surpris des secrets d’où dépendent mes jours.
Je n’examine point si, pour mieux me confondre,
de concert avec lui… vous pourrez me répondre.
Hélas ! Il est affreux de soupçonner la foi
des cœurs que l’on chérit et qu’on croyait à soi ;