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Ami, tu me connais ; et mon devoir t’annonce,
malgré mes vœux naissans, quelle fut ma réponse ;
mais lorsque, chaque jour, ses vertus, ses
attraits…
je t’arrache le cœur…


ZÉANGIR.


Non, mon cœur est en paix.
Poursuis.


LE PRINCE.


ô ciel ! … eh bien ! Brûlant d’amour pour elle,
et depuis, accablé d’une absence cruelle,
je crus que je pouvais, sans blesser mon devoir,
de la paix à Thamas présenter quelque espoir,
et demander, pour prix d’une heureuse entremise
que la main de sa fille à ma foi fût promise.
Nadir, de mes desseins fidèle confident,
autorisé d’un mot, partit secrètement ;
j’attendais son retour. J’apprends qu’en Assyrie
attaqué, défendant mon secret et sa vie,
accablé sous le nombre, il avait succombé.


ZÉANGIR.


Je vois dans quelles mains ce billet est tombé.
Je vois ce que prépare une haine inhumaine :
cette lettre aujourd’hui vient d’enhardir sa haine.
Hélas ! De toi bientôt dépendront ses destins,
bientôt son empereur…


LE PRINCE.


Que dis-tu ? Quoi ! Tu crains…