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ACTE 2 SCENE 1


LE PRINCE, ACHMET.


LE PRINCE.


Est-ce toi, cher Achmet, que j’embrasse aujourd’hui,
toi, de mes premiers ans et le guide et l’appui !
Ah ! Puisqu’à mes regards on permet ta présence,
de mes fiers ennemis je crains peu la vengeance.
Par tes conseils prudens je puis parer leurs coups ;
un si fidèle ami…


ACHMET.


Prince, que faites-vous ?
D’un tel excès d’honneur mon âme est accablée.
Je voudrais voir ma vie à la vôtre immolée ;
mais ce titre…


LE PRINCE.


Tes soins ont su le mériter.
Pour en être plus digne il le faut accepter.
On m’accuse en ces lieux d’un orgueil inflexible :
c’est du moins, cher Achmet, celui d’un cœur
sensible.
Je sais chérir toujours et ton zèle et ta foi ;
et l’orgueil des grandeurs est indigne de moi.
Voilà donc ce séjour si cher à mon enfance,
où jadis… quel accueil après huit ans d’absence !