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tions; et ce choix est souvent l'effet du bonheur phitôt que du discernement. L'iiistoire et la fable en fournissent d'intéressantes, mais en plus petit nombre qu'on ne le peut penser. Cependant c'est le fonds où il faut puiser pour se rendre croyable.

Un sujet de pure imagination préviendrait le spectateur incrédule et l'empêcherait de concourir à se laisser tromper. Les cbangemens légers dont il peut ne pas s'apercevoir, son^ les seuls qu'il permet au poète, et que le poète doit employer pour i'artifice de l'intrigue. Son adresse consiste à inventer des situations délicates où le père se trouve en compromis avec ses enfans , l'amant avec la personne aimée, l'intérêt avec l'amitié, l'honneur avec l'amour. Plus la décision est em- barrassante, plus le trouble s'accroît.

L'intrigue , en un mot, est un dédale, nn laby- rint lie qui va et revient toujours sur lui même, où l'on aime à se perdre, d'où l'on cherche pour- tant à sortir, mais où l'on lentre avec j)laisir quand une fausse issue nous y rejette. Pour cela, il faut (}ue le fil qui conduit le spectateur, sans qu'il y pense , soit en effet si délié qu'il ne le sente pas.

]Jdvt une fois découvert fait évanouir tout le charnie : c'est pai* le choc violent des passions , qu'on vient ])arlicMliérement à bout de sauver l'art. Ainsi llomei-e l'apprit-il aux Grecs. Chez eux, les passions roulent, se heurtent, se bouleversent et retournent sans cesse sur elles-mêmes, comme

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