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cine n’en pourra jamais produire avec toute la magie de la poésie.

OPÉRA ITALIEN.

Les moralités qui sont semées dans l’opéra italiens, ne plaisaient pas beaucoup en France, non plus que cette mode monotone de terminer la scène la plus passionnée par une ariette, par une comparaison. Est-elle bien placée dans le personnage accablé de douleur ? A-t-il bonne grâce à se livrer à ce badinage ? N’est-ce pas refroidir l’auditeur, et détruire l’impression du sentiment ?

Cela est aussi disparate que de mettre en musique une conspiration, un conseil, que d’opiner en chantant.

Il est reçu de chanter les plaintes, la joie et la fureur ; mais la musique, faite pour toucher, ne raisonne pas. Titus fredonnant un cours de morale, ferait tomber nos jeunes gens en léthargie.

Je trouve, en général, dans tous les opéras italiens, des germes de passions, jamais la passion amenée à sa maturité, des scènes jamais filées, peu soutenues, toujours étouffées par des sens suspendus, point finis, et qui laissent à l’auditeur le soin de deviner.

Si nos scènes étaient aussi hachées, occasionneraient-elles des morceaux de musique bien pathétiques ou bien agréables, des descriptions vives et animées, des images riantes, des tableaux galans ?