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L»E CHAMFORT. '2 2->

Men pletosi , più barhari siete. Vous êtes moins compatissans que barbares.

Ah ! v'intendo ! tacete , tacete . Ah ! je vous entends! taisez-vous, taisez-vous.

Non mi dite che'l figlio è morto. Ne me dites point que mon fils est mort. ,

Après avoir ainsi nommé le sujet et créé la si- tuation, après l'avoir préparée et fondée par les discours, le poète n'en fournit plus que los masses, • qu'il abandonne au génie du compositeur; c'est à celui-ci à leiu- donner toute l'expression , et à dé- velopper toute la finesse des détails dont elles sont susceptibles.

Le drame en musique doit donc faire une im- pression bien autrement profonde que la tragédie et la comédie ordinaire : il serait inutile d'em- ployer l'instrument le plus puissant, pour ne pro- duire que des effets médiocres. Si la tragédie de Mérope m'attendrit , me touche, me fait verser des larmes, il faut que, dans l'opéra, les angoisses, les mortelles alarmes de cette mère infortunée , passent toutes dans mon âme; il faut que je sois effrayé de tous les fantômes dont elle est obsédée, que sa douleur et son délire me d^cliirent et m'ar- rachent le cœur. Le musicien qui m'en tiendrait quitte pour quelques larmes , pour un attendris- sement passager, serait bien au-dessous de son art.

Il en est de même de la comédie. Si la comédie de Térence et de MoHère enchante , il faut que la comédie en musique me ravisse. L'une représente

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