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DE CHAMFORT. 2o3

nageant quelque passion personnelle qui influe sur les partis que prennent les acteurs dominans ; hors de là , les scènes de confidence ne sont pres- que que des monologues déguisés , mais qui ne méritent pas toujours le reproche de lenteur , parce que le poète y peut déployer , dans le per- sonnage, des sentimens ou vifs ou délicats, aussi intéressans que le cours de l'action même.

Néarque , dans Polieucte , montre comment un confident' peut être nécessaire ; Fanie , dans le quatrième acte de Tancrède , enseigne comment il peut donner lieu à de beaux mouvemens.

Le bon goût et la raison ont proscrit du théâtre français ces scènes, où deux confidens seuls s'en- tretiennent des intérêts de leurs maîtres. On est étonné que Corneille se soit servi de deux con- fidens pour faire l'exposition de Rodogime.

On a proscrit également ces scènes , dans les- quelles un confident parle à une femme en faveur de l'amour d'un autre : c'est ce qu'on a reproché à Racine dans son Alexandre , où Ephestion pa- raît en

Fidèle confident du beau feu de son maître.

« Rien n'a plus avili notre théâtre , dit Voltaire^ et ne l'a rendu si ridicule aux yeux de l'étranger, que ces scènes d'ambassadeurs d'amour. »

Un grand art dont Racine a donné les premières leçons , c'est celui de charger le confident d'un crime qui avilirait le principal personnage.

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