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élégiaques que dramatiques : mais il ne faut rien confondre.

Il y a des personnages qui sont , pour ainsi dire , demi-confidens et demi-acteurs : tel est Phénix dans Aiidromaque , telle est Enone dans Phèdre.

Phénix, par l'autorité de gouverneur, humilie Pyrrhus , même en lui faisant sentir les illusions de son amour ; et , par le ton imposant qu'il prend avec lui , il contribue beaucoup à l'effet de la scène entière.

Enone , par une tendresse aveugle de nour- rice , dissuade Phèdre de se dérober au crime par la mort ; et , quand ce crime est fait , elle prend sur elle d'en accuser Ilippolyte : ce qui, par l'im- portance de l'action , la fait devenir un person- nage du premier ordre.

Les confidens , qui ne sont que des confidens , sont toujours des personnages froids , quoiqu'on bien des occasions il soit fort difficile au poète de s'en passer. Quand , par exemple , il faut ins- truire le spectateur des divers mouvemens et des desseins d'un grand personnage , et que , par la constitution de la pièce , ce personnage ne peut ouvrir son cœur aux autres acteurs principaux , le confident alors remédie à l'inconvénient, et il sert de prétexte pour instruire le spectateur de ce qu'il ftuit qu'il sache.

L'art consiste à construire la pièce de manière (jue ces confidens agissent un peu , en leur mé-

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