1)K CHAMFORT. îS3i
Cruel , à quel combat faut-il te préparer?
Quel est cet ennemi que tu leur vas livrer ?
Une mère m'attend, une mère intrépide ,
Qui défendra son sang contre un père homicide.
Je verrai mes soldats, moins baibares que moi ,
Respecter dans ses bras la fille de leur roi.
Achille nous menace , Achille nous méprise ;
Mais ma fille en est-elle à mes lois moins soumise ?
Ma fille , de l'autel cherchant à s'échapper ,
Gémit-elle du coup dont je la veux frapper ?
Que dis-je ? que prétend mon sacrilège zèle ? . ,
Quels vœux, en l'immolant, formerai-je sur elle?
Quels lauriers me plairont , de son sang arrosés ?..
Je veux fléchir des dieux la puissance suprême.
Ah ! quels dieux me seraient plus cruels que moi-m croe!
Non; je ne puis : cédons au sang, à l'amitié,
Et ne rougissons plus d'une juste pitié.
Qu'elle vive ! Mais quoi ? Peu jaloux de ma gloire ,
Dois-je au superbe Achille accorder la victoire ?
Son téméraire orgueil , que je vais redoubler.
Croira que je lui cède et qu'il me fait trembler
De quel frivole soin mon esprit s'embarrasse ? Ne puis-je pas d'Achille humilier l'audace ? Que ma fille à ses yeux soit un sujet d'ennui ; Il l'aime: elle vivra pour un autre que lui.
Il envoie chercher la reine et Iphigénie ; et ce- pendant il continue :
Grands dieux ! si votre haine Persévère à vouloir l'arracher de mes mains , Que peuvent devant vous tous les faibles humains ? Loin de la secourir, mon amitié l'opprime; Je le sais : mais , grands dieux ! une telle victime
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