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DE OHAMFORT. l8l

daiit il prend la résolution de congédier l'armée et de renoncer à la guerre de Troie : Ulysse s'ef- force de le ramener à son premier parti. Ce qu'Agamemnon lui répond, marque bien la vio- lence qu'il se fait à lui-même ; il l'attaque par son propre cœur :

Ah! seigneur! qu'éloigné du malheur qui m'opprime, Votre cœur aisément se montre magnanime ! Mais que si vous voyez , ceint du handeau mortel , Votre fils Télémaque approcher de l'autel , Nous vous verrions , trouhlé de cette affreuse image , Changer hientôt en pleurs ce superbe langage , Eprouver la douleur que j'éprouve aujourd'hui , Et courir vous jeter entre Calchas et lui ! Seigneur, yous le savez, j'ai donné ma parole.... Et si ma Clle vient , je consens qu'on l'immole

A peine a-t-il prononcé ces mots , qu'on vient lui dire que sa femme et sa fille sont arrivées au camp. Quel nouvel embarras pour ce nialheiu-eux père ! Son entrevue avec sa fille doit lui déchi- rer l'âme ; elle l'accable de respect et de ten- dresse. H paraît triste et sombre ; il ne sait s'il doit lui apprendre ou lui cacîier son sort. Sa fille lui dit :

Calchas, dit-on, prépare un pompeux sacrifice.

Il lui répond :

Puissé-je auparavant fléchir leur injustice '

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