l8o OEUVRES
gloire même d'Agaraemnon , semblent exiger ce cruel sacrifice ; mais l'amour paternel s'y op- pose.
Ybiîâ la source des combats les plus décbirans que ce malbeureux père va éprouver durant toute la pièce , soit en présence d'Ulysse , ou du fier Acbille promis à Ipbigénie , soit à l'égard de Clytemnestre , son épouse , et de sa fille , et de lui-même.
Le soin de sa gloire _, l'intérêt de la nation , l'obéissance aux dieux , semblent l'avoir décidé d'abord pour le sacrifice. Déjà il a rappelé sa fille absente avec sa mère , sous prétexte de célé- brer son bvmen avec Acbille : mais la sentant approcber , son amour se réveille en son cœur ; et les combats de sa tendresse commencent à se faire sentir dans ces vers :
Ma fille qui s'approche et court à'son trépas , Qui, loin de soupçonner un arrêt si sévère , Peut-être s'applaudit des bontés de son père ;
Ma fille ! ce nom seul dont les droits sont si saints,
Sa jeunesse, mon sang, n'est pas ce que je plains:
Je plains iuille vertus, une amour mutuelle ,
Sa piété pour moi , ma tendresse pour elle ,
Un respect qu'en son cœur rien ne peut l)alancer....
Non , je ne croirai point , ô ciel ! que ta justice
Approuve la fureur d'im si noir sacrifice.
Il envoie au-devant d'elle pour l'engager , elle et sa mère, à retourner sur leurs pas ; et cepen-
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