Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t4.djvu/187

Cette page n’a pas encore été corrigée

cees entre deux partis également douloureux pour lui.

C’est de ces combats que naît la chaleur de l’action théâtrale et le pathétique des mouvemens. Pour assurer l’effet de ces sortes de combats , il est nécessaire qu’ils résultent de l’opposition du devoir avec le penchant, ou de l’opposition d’un penchant avec un autre également violent. Il faut que l’alternative n’ait point de milieu , et que les deux intérêts soient incompatibles ; que le Cid laisse son père déshonoré , ou qu’il tue celui de son amante.

Il faut, de plus, que les deux intérêts, mis en opposition , soient assez forts pour se balancer et assez grands pour être dignes du combat qu’ils se livrent, que le parti le plus vertueux soit aussi le plus violent et le plus pénible pour la nature, et qu’enfin le personnage intéressant se décide pour le parti le plus vertueux , et qui exige de lui im sacrifice plus coûteux à son cœur. On ne peut mieux faire sentir la vérité de ces règles que par des exemples : nous en rapporterons un ici.

Dans Iphigénie, Agamemnon , chef de la flotte grecque armée contre Troie, est instruit, par un oracle , qu’il faut qu’il sacrifie sa fille pour obtenir les vents favorables , sans lesquels la flotte ne peut sortir de l’Aulide, où elle est arrêtée par un calme qui la consume inutilement. L’intérêt de l’armée et de tous les principaux chefs , la