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beautés non moins dramatiques que celles de la terreur et de la pitié.
L'importance des intérêts , la grandeur des sacrifices , est encore ici nécessaire : l'amitié seule ne peut produire de grands mouvemens au théâtre que quand un ami saci'ifîe à son ami un trône , une grande passion , ou même sa vie.
Le combat d'Oreste et de Pilade à qui mourra l'un pour l'autre , la dispute d'Héraclius et de Martian qui se prétendent tous deux fils de Maurice pour épargner la mort à leur ami , sont ce que nous avons au théâtre de plus touchant en ce genre.
L'égalité parfaite semble être nécessaire entre les amis , et relever le caractère de l'un et de l'autre. On est fâché de voir , i dans Androma- que , Pilade si fort au-dessous d'Oreste , c[ui le tutoie , et à qui il répond avec un respect qui nuit à l'effet que produirait le spectacle de leur amitié. Il serait beau de voir le représentant de tous les rois de la Grèce , tutoyé par son ami. Cette réponse sublime de Pilade à OVeste , dont il a inutilement combattu la passion :
Eh bien ! Seigneur, enlevons Hermione.
Cette réponse serait bien plus sublime , sans ce mot de seigneur , qui la dépare.
IV. I i
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