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'■ OEUVRES

��soient tout ensemble passionnés et raisonnables : vous toucherez beaucoup plus que par des mou* vemens déréglés ou moins autorisés. La raison en est évidente : nous portons au théâtre une raison et un cœur ; il faut satisfaire l'une et l'autre. Si les acteurs agissent par vertu , voilà notre sensi- biUté exercée ; mais si la passion et la vertu sont d'accord , voilà tous nos besoins remplis.

Il est étonnant que les modernes aient été pré- venus si long- temps contre l'amour conjugal: XAlceste d'Euripide aurait dii leur apprendre qu'il pouvait devenir touchant et dramatique.

Le mauvais succès de Pertharite fit croire quel- que temps que l'amour conjugal , très-respec- table dans la société , n'était point recevablc sur la scène.

Ce fut la tragédie de Maiilius , par Lafosse , qui attaqua la première ce préjugé ridicule. On fut touché de l'amour de Valérie pour son époux, de la tendresse héroïque de ses sentimens , du respect qu'elle mêle à son amour, du ménage- ment avec lequel elle sonde le cœur de son époux, pour y rappeler la vertu et poiu- assurer son hon- neur et sa vie.

Le concours de tous ces sentimens forme un caractère si passionné et si raisonnable tout en- semble , que , malgré la terreur dominante de la pièce, on sent encore une espèce de joie à la vue d'une héroïne en qui la passion et le dcNoir ne bont qu'un même sentiment.

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