Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t4.djvu/180

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cine lui-même dans la connaissance du cœur humain.

Hierax se plaint d’Io et de ses froideurs ; la nymphe lui répond :

C’est à tort que vous m’accusez ;
Vous avez vu toujours vos rivaux méprises.

HIERAX.

Le mal de mes rivaux n’égale point ma peine.
La douce illusion d’une espérance vaine
Ne les fait point tomber du faîte du bonheur :
Aucun d’eux, comme moi, n’a perdu votre cœur ;
Comme eux, à votre humeur sévère
Je ne suis point accoutumé.
Quel tourment de cesser de plaire ,
Quand on a fait l’essai du plaisir d’être aimé !

Voyez ceux de la déclaration de Pluton à Proserpine; dans l’opéra de ce nom.

Je suis roi des enfers, Neptune est roi de l’onde :
Nous regardons avec des yeux jaloux
Jupiter plus heureux que nous;
Son sceptre est le premier des trois sceptres du monde.
Mais si de votre cœur j’étais victorieux.
Je serais plus content d’adorer vos beaux yeux ,
Au milieu des enfers, dans une paix profonde,
Que Jupiter, le plus heureux des dieux ,
N’est content d’être roi de la terre et des cieux.

Telle est la manière dont ce poète fait parler l'amour, quand il ne le peint pas terrible et pas-