l6G ■' ^ ' OEUVRES
auteurs qui semblaieut n'avoir pas besoin de cette ressource , le firent entrer dans ties sujets où il était absolument étranoer.
Enfin Voltaire, après avoir, malgré lui, i)ayé le tribut au goût de soii siècle dans OEd/pe , fit voir dans Zaïre Alzire , Adélaïde , etc. , que l'amour , au théâtre, doit être terrible, passionné, accompagné da remords ; et qu'il doit surtout avoir la.premièrc place.
Il faut , ou que l'amour conduise aux malheurs et aux crimes , pour faire voir condiien il est dangereux , ou que la vertu en triomphe , pour montrer qu'il n'est pas invincible : sans cela, ce n'est plus qu'un amour d'églogue ou de comédie.
Si vous êtes forcé de ne lui donner que la seconde place , alors imitez Racine dans l'art difficile de le rendre intéressant par les développemens délicats du cœur humain, par des nuances fines, et surtout par un style correct et soutenu. .
Pour que l'amour soit intéressant , il faut que le spectateur le suppose au comble , que; ce sen- timent subsiste depuis long-temps , qu'il ne soit pas né devant lui comme dans les pièces de la Grange-Chancel et de quelques autres , où des princesses deviennent amoureuses pour avoir vu le héros un moment ; il faut que l'on n'aime pas une femme uniquement poui- sa beauté.
On a remarqué qu'on ne s'intéresse jamais sur la scène à un amant, lorsqu'on est sûr qu'il sera rebuté. Pourquoi Oreste intéresse-t-il dans An-
�� �