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noble, qui est aussi dans la nature ? c'est cela qu'on voudrait voir.

Si quelque chose pouvait être au-dessous des ca- ractères bas et méprisables, ce serait les caractè- res faibles et indécis. Ils ne peuvent jamais réussir, à moins que leur incertitude ne naisse d'une pas- sion violente, et qu'on ne voie, dans cette indéci- sion même, l'effet du sentiment dominant qui les emporte. Tel est Pyrrhus dans Andromaque.

Les caractères doivent être à la fois naturels et attachans ; il ne faut jamais leur donner de ces sentimens trop bizarres, dont les spectateurs ne sentiraient pas les semences en eux-mêmes. On veut rencontrer l'homme partout; et on ne s'intéresse point à des portraits chimériques , qui ne ressem- blent à rien de ce qu'on connaît. Les singularités ne s'attirent point de créance au théâtre, et pri- vent le spectateur du plaisir d'une imitation dont il puisse juger.

Les caractères ne peuvent être attachans que de trois manières : ou par la ^ertu parfaite et sans mélange, ou par des qualités imposantes auxquelles le préjugé allé des idées de grandeur et de vertu , ou par un assemblage de vertus et de faiblesses reconnues pour telles.

Les caractères absolument vertueux sont rares , parce qu'ils ne sont pas susceptibles de variété '; et l'on a remarqué , avec raison , qu'un stoïcien ferait peu d'effet au théâtre. Il n'y a, sur la scène, qu'un seul héros qui y fasse quelque plaisir , en

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