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tours inléressans ; et quand on voit ces deux traîtres chargés de nouveaux bienfaits de l'empe- reur, î'iîîcertiiude du spectateur et l'intérêt re- doublent encore.

Il n'en est pas de même de celle de Pompée ; elle n'est pas nécessaire à l'action. Ptolomée pouvait délibérer en son cabinet s'il recevrait Pompée ou s'il lui donnerait la mort , et rentrer en apprenant au spectateur le parti qu'il a pris.

llacine a bien senti la nécessité de lier ces '.«ortes de scènes à l'action. Il commence par jiré- parer avec soin la proposition de Mithridatr. A peine le héros est-il arrivé , qu'il dit un mot de son projet à ses enfans :

Tout vaincu fjne jp suis, et voisin du naufrage , Je mcclite un dessein digne de mon courage , Vous en serez bientôt instruits plus amplement.

Écoutons ce grand poète lui-même. « Cette entreprise (de descendre en Italie) fut en partie cause de sa mort , qui est l'action de ma tragédie. J'ai encore lié ce dessein de plus près à mon sujet; ie m'en suis servi pour faire connaître à Mithridate les secrets sentimens de ses deux iils. »

On ne peut prendre trop de précautions pour ne rien mettre sur le théâtre qui ne soit très-né- cessaire ; et les plus belles scènes sont en danger d'enriu\er, du moment qu'on peut les séparer de

l'action, et qu'elles l'interrompent, au lieu de la

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