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faire dans la dernière conjuration dont son favori s’était rendu le chef, etc : ce sont des combats du cœur ; les discours y sont impétueux, animés ; tout y porte le caractère théâtral ; et ils sont l’âme de la tragédie.

On parle ici de ces délibérations sur une question importante qui intéresse le sort d’un empire : telle est celle d’Auguste, lorsqu’il veut quitter l’empire ; telle est encore celle où Ptolomée examine s’il doit recevoir Pompée, ou lui donner la mort.

On peut citer de même la scène où Mithridate propose à ses enfans le dessein d’aller porter la guerre en Italie, celle où Mahomet propose à Zopire de le servir dans ses desseins, s’il veut revoir ses enfans. Quoique, dans ces deux dernières pièces, le principal personnage soit décidé sur le parti qu’il doit prendre, cependant il éprouve de si grandes contradictions du personnage avec qui il est en scène, qu’on peut regarder ces morceaux comme de vraies délibérations.

Observons que ces scènes sont dangereuses au théâtre, et qu’il ne faut les y mettre qu’avec beaucoup de précautions.

La première condition est que le sujet soit grand, illustre et extraordinaire. Il faut ensuite que le motif d’une délibération mise sur la scène soit pressant et nécessaire.

Il faut que les raisonnemens répondent à la grandeur du sujet.