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îq2 COUVRES

naissent pas l'atrocité de l'action qu'ils com- mettent, et qui viennent ensuite à reconnaître la liaison qui était entre eux et ceux sur qui ils se sont vengés, comme l'OEdipe de Sophocle. (Il est vrai que, dans Sophocle, cette action d'OEdipe est ' hors de la tragédie.)

Voici des exemples dans la tragédie même : la mort d'Eriphyle tuée par Alcmaeon, dans le poète Astydamas , et la blessure d'Ulysse par Télégonus.

Enfin, on peut faire qu'une personne qui , par ignorance, va commettre un très-grand crime , le reconnaisse avant de l'exécuter.

Si l'on y prend bien garde , il n'y a rien au-delà de ces trois manières, au moins , qui soit propre à la tragédie; car il faut qu'une action se fasse ou ne se fasse pas, et que l'un ou l'autre arrive par des gens qui agissent , ou par ignorance , ou avec une entière connaissance, ou de propos délibéré.

Il est vrai que cela renferme une quatrième ma- nière, qui est lorsqu'une personne va pour com- mettre un crime, le voulant et le sachant , et ne l'exécute pcjint. Mais cette manière est très-mau- vaise; car, outre que cela est horrible, il n'y a rien de tragique, parce que la fin n'a rien de touchant.

Voilà pourquoi les poètes n'ont pas suivi cette quatrième manière; ou s'ils l'ont fait, ca été très- rarement. Sophocle s'en est servi une seule fois dans son u^éittigone, où ILrmon veut tuer son père Créon. Dans ces occasions, il vaut mieux que le crime s'exécute comme dans la première manière.

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