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DE CHAMFORT. 2l3

celle qu'il fait de sa conspiration à Emilie , étant plutôt un ornement qui amuse l'esprit des spec- tateurs , qu'une instruction nécessaire des parti- cularités qu'ils doivent savoir pour l'intelligence de la suite. Emilie leur fait assez connaître , dans les deux premières scènes, que Cinna conspirait contre Auguste en sa faveur; et quand son amant lui dirait tout simplement que les conjurés sont prêts pour le lendemain , il avancerait autant l'action que par les cent vers qu'il emploie à rendre compte , et de ce qu'il leur a dit , et de la manière dont ils l'ont reçu.

Il y a des intrigues qui commencent dès la naissance du héros , comme celle iX Heraclius ; mais ces grands efforts d'imagination en deman- dent une extraordinaire à l'attention du specta- teur, et l'empêchent souvent de prendre un plaisir entier aux premières représentations , à cause de la fatigue qu'elles lui causent.

Un des grands secrets pour piquer la curiosité, c'est de rendre l'événement incertain. Il faut pour cela que le nœud soit tel qu'on ait de la peine à en prévoir le dénoùment , et que le dénoûment soit douteux jusqu'à la fin , et , s'il se peut , jus- ques dans la dernière scène.

Lorsque , dans Sdlicon , Félix est tué au mo- ment qu'il va en secret donner avis de la conju- ration à l'empereur , lïonorius voit clairement que Stilicon ou Euchérius, ses deux favoris, sont les chefs de la conjuration , parce qu'ils étaient

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