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I20 OEUVRES

iiatinellement, et que la vraisemblance ne soit pas blessée. Dans le secoml , il faut ménager une suite qui favorise la passion, et compter pour rien que lesprit soit content , si le cœur n'a de quoi s'atta- cher toujours davantage. Il est vrai qu'il faudra souvent , pour parvenir à cette beauté , arranger un acte de vingt manières différentes , toutes bonnes , si l'on veut , du côté de la raison ; mais toutes imparfaites par le défaut de Tordre que que demanderait le sentiment.

Ce n'est pas tout : chaque scène veut encore la même perfection ; il faut la considérer au mo- ment qu'on la travaille , comme un ouvrage en- tier , qui doit avoir son commencement , ses pro" grès et sa fin. Il faut qu'elle marche comme la pièce, et qu'elle ait, poiu^ ainsi dire, son exposition, son naud et son dénoùment. On entend par son exposition , l'état où se trouvent les person- nages et sur lequel ils délibèrent ; on entend par son noeud , les intérêts ou les sentimens qu'un des personnages oppose aux désirs des autres ; et enfin par son dénoùment , l'état de fortune ou de passion où la scène doit les laisser : après cpioi , fauteur ne doit plus perdre de temps en discours qui, tout beaux qu'ils seraient, auraient du moins la froideur de l'inutilité.

Cette gradation que l'on exige dans l'intérêt, il serait à souhaiter de pouvoir la porter encore dans les traits du caractère des principaux per- sonnages , et même dans la magie des tableaux

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